LE MENDIANT CACHE UN EMPEREUR - SUDHEER ROCHE

Au cœur de l'enseignement de Sudheer Roche, figure éminente du Tantra en France, réside un paradoxe fondamental : la solitude apparente du mendiant cache la plénitude souveraine de l'empereur intérieur.

Il distingue deux états : une solitude psychologique, empreinte de manque, de dépendance et de souffrance, nous poussant à fuir dans des distractions compulsives ; et une solitude existentielle, état de complétude rayonnante, de paix et d'autosuffisance joyeuse.

Le chemin proposé n'est pas d'éviter la première pour atteindre la seconde, mais de traverser consciemment la vacuité douloureuse du "mendiant". Nous évitons ce ressenti inconfortable par un "non" intérieur constant, créant résistance, jugement et séparation. Cette négation, souvent inconsciente, est la racine de nos souffrances et nous maintient prisonniers de l'ego.

La clé de la transformation, l'alchimie intérieure que propose Roche, réside dans un acte radical : dire "oui". Ce n'est pas une simple affirmation mentale, mais une acceptation profonde et sans réserve de ce qui est ressenti, ici et maintenant, qu'il s'agisse de peur, de manque, de colère ou de tristesse.

Il s'agit de "revenir au ressenti", de lâcher le jugement et la lutte, pour simplement être avec l'expérience, sans chercher à la modifier ou à y échapper.

Dans cet acte courageux d'accueil inconditionnel, une métamorphose s'opère. L'énergie bloquée par le refus se libère, les nœuds émotionnels se dissolvent. La conscience, jusque-là rétrécie par le "non", s'expanse au-delà des limites du moi.

Le sentiment de manque s'efface pour laisser place à un état de plénitude intrinsèque, indépendant des circonstances extérieures. Le "moi séparé" se dissout dans la vastitude de la conscience.

Ainsi, en osant rencontrer l'intimité de notre propre solitude et en y répondant par un "oui" total, nous ne faisons pas que résoudre nos problèmes psychologiques ; nous accédons à une dimension de l'Être, à notre nature fondamentale qui est liberté, silence et joie.

C'est là, dans cet espace retrouvé, que le mendiant révèle sa véritable nature d'empereur.